Un cas de sarcome pigmenté de la cornée / par J. Gonin.

Gonin, J.

Date:: [between 1897 and 1910?]

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Credit: Un cas de sarcome pigmenté de la cornée / par J. Gonin. Source: Wellcome Collection.

3/12 (page 597)

Lagrange, dans ses “études sur les tumeurs de l’oeil“, insiste sur le fait que la sclérotique et la cornée servent à ces tumeurs “de point d’appui et non de point d’origine“ (page 10) et après avoir constaté que l’on n’en connaît point qui aient pris naissance dans la cornée, il conclut que “les sarcomes mélaniques extérieurs à l’oeil se déve¬ loppent exclusivement sur la conjonctive“ (page 18). L’observation que nous publions ici vient en contradiction de cette thèse dans ce qu’elle a de trop absolu, et bien qu’il sagisse d’une grande rareté, elle montrera qu’une tumeur pigmentée peut se développer au sein même du tissu cornéen. Cette observation est non seulement rare, mais nous la croyons encore unique, au moins en ce qui concerne la pigmentation. On compte sur les doigts les cas publiés jusqu’ici de sarcomes de la cornée et la plupart de ceux dont nous avons trouvé mention dans la littérature sont de nature contestée (épithéliomes, fibromes, myxomes). Axeneeld 1) dans une étude soigneuse considère que le seul cas avéré de sarcome est celui que Rumschewitsch 2) a décrit en 1891. Il s’agissait d’un paysan de 61 ans qui depuis deux ans avait re¬ marqué une tache sur la pupille de son oeil droit. Sur la cornée se voyait une tumeur pédiculée, dont la base d’implantation, qui mesurait à peine 3 mm, siégeait, si nous avons bien compris, un peu au dessus et en dehors du centre de la cornée, tandis que le corps de la tumeur, débordant cette base étroite et s’étalant en forme de champignon, dé¬ passait le bord scléral en recouvrant ainsi les parties de la cornée de¬ meurées saines. La surface était lisse, molle et d’un gris rosé ; des vaisseaux lui venaient de la conjonctive sans autre participation de cette membrane. Sur des coupes, après énucléation de l’oeil, le néoplasme se trouva constitué par des cellules fusiformes avec très peu de tissu intercellulaire et quelques restes de la substance propre, et par des vais¬ seaux en grande quantité entourés de cellules lymphatiques. Rumschewitsch voit dans ces vaisseaux la première origine des éléments pathologiques : son malade avait à deux reprises subi un trau¬ matisme au côté droit de la tête et racontait que du sang avait apparu dans son oeil. Chose curieuse, dans notre cas, on pouvait également remonter à une lésion antérieure de l’oeil malade; il avait été, plusieurs années auparavant, blessé par un éclat de pierre qui avait provoqué l’apparition d’un peu de sang, mais ce renseignement assez vague pourrait s’appliquer fort bien à une simple ecchymose sous-conjonctivale; la point précis où 1) Axenfeld, Geschwülste des Auges, in „Ergebnisse der allgem. Pathol, und pathologisch. Anat.“ von Lubarsch u. Ostertag, J. P. Bergmann Wiesbaden. 2) Dr. K. Rumschewitsch , Ein Fall von einem Hornhautsarcom Archiv für Augenheilk. 1891 p. 52.